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"11 Novembre 2015...

Comme le "promeneur solitaire" de Jean-Jacques Rousseau, je rêve en grimpant la petite côte qui, du bas du village mène à la mairie. Et cette rêverie m'emporte loin, très loin en arrière.

... 11 Novembre 1915...

Terrés dans les tranchées, les soldats tremblent de froid, de peur et de désespoir.

Ils tremblent de colère, aussi, car ils sentent confusément qu'on leur a menti et que cette guerre - dont on leur promettait qu'elle serait courte et joyeuse - risque de s'éterniser.

Aux amples mouvements de 1914 s'est substituée une "guerre de position", figeant les adversaires sur une ligne de front qui évoluera désormais très peu.

La guerre "s'enlise", mais l'armement ne cesse de se diversifier et de se perfectionner dans sa terrifiante fonction de mort : grenades ; minenewerfer ; lance-flammes ; mitrailleuses lourdes et, surtout, gaz de combat, comme l'épouvantable ypérite (gaz moutarde), mis en oeuvre pour la première fois à Ypres, le 22 Avril 1915, par l'armée allemande.

Tout cet arsenal cause d'énormes pertes, encore amplifiées par l'incompétence de haut commandement français, incapable de prendre la pleine mesure de ce conflit moderne, où les concepts militaires, hérités du XIX ième siècle, sont obsolètes. Ce sont pourtant ces concepts que persiste à appliquer le Général Joffre, commandant en chef, sur un théâtre d'opérations qui n'a plus rien à voir avec les champs de bataille napoléoniens.

En cette année 1915, près de 400 000 soldats français (oui 400 000 !) vont payer de leur vie cette stratégie d'un autre âge...

... 11 Novembre 2015...

Je sors de ma rêverie pour visualiser le rassemblement qui s'est constitué devant le bâtiment de la MJC, point de ralliement fixé par Roger Didelot, infatigable Président des Anciens Combattants.

A ses côtés, on reconnaît notre Maire, Jean-François Baltard, flanqué de ses adjoints et d'une forte délégation du Conseil Municipal ; les Sapeurs-pompiers d'Allamps, représentés par leur chef, Alain Bayeul ; les porte-drapeau et leurs emblèmes, toujours fidèles à ces manifestations patriotiques ; une poignée de militaire, hommes et femmes, très élégants dans leur sobre uniforme bleu marine ; des pères et des mères de famille, accompagnés de jeunes enfants ; de simples citoyens, venus accomplir le devoir de mémoire... Ne manquent à l'appel que nos vieux amis : Roger Claudepierre ; Titi Aubert ; Nicole Moinier et tous ceux, aujourd'hui disparus, qui éclairaient chaque année, de leur inlassable présence, ces rendez-vous de souvenir.

A 9h30, un cortège se forme derrière les drapeaux et se dirige vers le cimetière, où l'attendent déjà, sagement alignés sur deux rangs devant le monuments aux morts, les "enfants des écoles et leur directrice.

Sans attendre, Roger Didelot procède à l'appel des morts, dépose la gerbe de fleurs aux trois couleurs de la France et fait observer une minute de silence. Puis, le Maire prend la parole pour donner lecture du traditionnel message du secrétaire d'état aux Anciens Combattants.

Et c'est aux enfants qu'il revient de conclure cette cérémonie, simple et recueillie. Guidés et dirigés par Sophie, leur très présente maîtresse, ils entonnent un chant de circonstance dont on sent, malgré quelques hésitations, qu'il fut longuement préparé, appris et répété. Bravo, Sophie ! Merci les enfants ! En cette triste matinée d'automne, votre chant fut le plus bel hommage rendu à ceux que Charles Peguy a célébrés dans un de ses plus beaux poèmes ...

... Ceux qui sont morts dans les grandes batailles,

couchés dessus le sol à la face de Dieu.

... Ceux qui sont morts pour la terre charnelle...

... Ceux qui sont morts pour quatre coins de terre...

... Ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu...

... 11 Novembre 1915...

Dans les tranchées, les soldats ne rêvent pas ; ils meurent.

Ils meurent, victimes d'un conflit, qu'en cette année 1915, certains amateurs de bons mots et d'humour appelleront : "la guerre à tombeau ouvert".

... 11 Novembre 2015...

"Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants" disait Edouard Herriot.

C'est tout les sens de notre démarche, ici, dans ce cimetière d'Allamps, 100 ans après... "                                                                             Alain LEFEVRE

A l’occasion du centenaire de la Croix de Guerre, M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants et de la mémoire a souhaité qu’un film commémorant cet événement soit réalisé et diffusé à l’occasion des cérémonies du 11 novembre 2015. Ce film, intitulé « Cent ans de bravoure », d’une durée d’environ 5 minutes 30, est disponible ici.

Le message du secrétaire d'état aux Anciens Combattants est téléchargeable ici. 

Vous pouvez retrouvez la chanson « Eclairs d'acier, nos rêves volés » que les enfants de l'école primaire d'Allamps ont interprétés en cette journée du Souvenir ici.

En cette année de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, les élèves de CM2 de l'Ecole Saint-Genès à Bordeaux emmenés par Linda Dugrip et leur enseignante Sandra Coupry, ont réalisé un projet d'envergure.

Une exposition et un livret reprenant le journal de guerre et les lettres d'Edmond GABELIN ont été réalisés et une chanson « Eclairs d'acier, nos rêves volés » a été composée par les élèves eux-mêmes. Le clip vidéo a été réalisé avec le soutien des élèves du lycée professionnel Saint-Genès. Celle-ci a été chantée par les élèves devant la flamme du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe et devant le Grand Chancelier de la Légion d'Honneur lors de sa visite à Bordeaux, le 6 juin dernier, suscitant émotion et fierté devant ce beau témoignage.

Et comme ils le disent si bien dans leur livret, « l'histoire se transmet, l'espoir se donne ».

Merci à ces jeunes de porter ce beau témoignage et merci aux adultes qui les accompagnent dans cette belle et noble action de commémoration qui sert à l'éducation de notre jeunesse. Celle-ci a gagné le 1er prix du concours départemental des anciens combattants et le 1er prix du concours national.

8 Mai 1945 - 8 Mai 2015

Autant la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 s’impose en France comme une évidence indiscutable, autant celle du 8 mai 1945 a toujours fait l’objet de réticences voire de polémiques (rappelons simplement que ce jour férié fut supprimé en 1959 par le Général de Gaulle, puis que la commémoration elle-même fut supprimée par Valéry Giscard d’Estaing en 1975, et rétablie en 1981 par François Mitterrand).

Il y a plusieurs raisons à cela :

        En 1945, la présence de la France à la table des vainqueurs n’a pas effacé l’humiliation de la terrible débâcle de juin 1940. C’est ce qu’a exprimé le Maréchal allemand Keitel, lorsque, voyant le Général de Lattre parmi les signataires de l’armistice, à Berlin, il s’écria : « Quoi ? Les Français aussi ! ».

         Dés 1946, la rivalité entre l’URSS et les Etats-Unis a fait exploser les relations et les liens qui s’étaient établis entre les alliés dans leur combat contre l’Allemagne nazie. A partir de cette date, la commémoration du 8 mai a pris une signification différente à L’Est et à l’Ouest. A Moscou, c’était l’occasion d’une démonstration de forces, visant à intimider les occidentaux.

     En France, enfin, le mois de mai est particulièrement riche en jours fériés, ce qui ne va pas sans perturber la vie économique du pays et des entreprises. On comprend mieux, dés lors, les pressions qui s’exercent régulièrement sur le gouvernement pour la suppression du 8 mai.

Ces différentes raisons de «bouder la commémoration du 8 mai» n’a pas empêché  les habitants d’ALLAMPS de répondre à l’invitation lancée par le président Roger DIDELOT et la municipalité.

En ce 8 mai 2015, la cérémonie marquant le 70° anniversaire de la Victoire fut simple et sobre, digne de ces soldats « morts pour la France », que Roger DIDELOT appelle familièrement et respectueusement : « LES BRAVES ».                                                                                                  Alain Lefevre